RWANDA: SUPERCHERIES DANS LE RECRUITEMENT DES AGENTS PUBLICS !
Par RUGEMINTWAZA Erasme.
Le problème de l'emploi au Rwanda est un casse-tête : pour obtenir l'emploi, il faut se livrer à un jeu plein de trucs et d'astuces, mais aussi rester au service c'est encore un heureux hasard! Nous allons tenter d'analyser la question de l'octroie de l'emploi qui actuellement est plus que jamais alarmante dans la société rwandaise? Comment se présente la situation?
La question de trouver l'emploi au Rwanda est alarmante. Certes, il y a beaucoup de choses alléchantes dans l'emploi public, mais souvent on ne se pose jamais la question de savoir comment y parvenir, alors qu'en vrai dire la route qui y mène est jonchée d'embûches qui décourageraient plus d'un! Car quand si on regarde la manière dont les dirigeants se prélassent dans des jeeps de luxe dernier cri offertes par l'Etat, du Secrétaire Exécutif du secteur aux grands dignitaires d'en haut, on ressent bien le désir de servir l'Etat, pour que l'on puisse aussi s'en réjouir! Mais obtenir un emploi dans le service public rwandais, même celui considéré comme de moindre importance dans la cellule ou dans l'enseignement, n'est pas ce rêve américain d'égalité des citoyens devant les biens publics, ou ces sacro-saints principes d'égalité consignés dans le droit tant international que national. Trouver un emploi au Rwanda est le fruit des combines pernicieuses!
COMMENT SE FAIT LE RECRUTEMENT?
Lorsqu'on lit les communiqués d'appels d'offres d'emploi, on constate que les institutions publiques, privées et Agences publiques ont beaucoup de postes vacants. Souvent les postes en offre sont occupés de façon intérimaire pour de rasions de services, mais souvent est-il que ceux qui font l'intérim n'attendent qu'un examen de facette pour être confirmés! Ceci constitue le premier truc de recrutement! Pour être un agent public, on passe généralement des examens (sauf pour les postes politiques), tant écrits qu'oraux. On est retenu si on obtient au moins une moyenne de 70% pour les deux examens. Est-ce que les gagnants, gagnent réellement, d'autant plus qu'il y en a qui sont déjà réputés dans leurs communautés pour ne rien savoir? Est-ce que tous les gagnants sont du moins appelés au service au prorata des postes vacants? Analysons le recrutement dans les districts, qui normalement accumulent plus de fonctionnaires que dans les autres services publics.
L'administration des Districts du Rwanda est souvent confondue avec la gouvernance du FPR. Normalement, chaque district du Rwanda a un chef du FPR, qui doit être dans le Comité Exécutif du district. Presque tous les 30 districts du Rwanda, à l'exception de moins de trois, sont dirigés par des cadres du FPR. Ainsi vous trouverez que le maire est en même temps le chef du FPR -le «Chairman»-, titre plus respecté que celui de maire! L'accumulation des fonctions de maire et de chef du FPR du district confère le pouvoir extraordinaire, à la fois sur le lieu de travail où le personnel le traite comme Dieu, et dans le monde extérieur. Ce sont donc ces «Chairmen» qui octroient l'emploi! Chaque fois qu'il y a des postes vacants dans le district, pour diverses raisons, y compris l'expulsion de ceux que le système ou le Comité exécutif ne veut plus, les chairmen établissent une liste de candidats désignés pour les différents postes. Lorsque la place est au niveau de la direction, les chairmen se mettent d'accord avec les autorités provinciales et/ou nationales ainsi que les services de sécurité pour s'assurer que la place est vraiment donnée à l'homme qu'il faut. Ou encore tous ces hauts dignitaires et cadres du FPR, apportent leurs candidats pour mieux se les partager sans se compromettre. La liste approuvée est remise à l'agence qui fera passer les examens. Au Rwanda, il existe un forum des districts appelé RALGA qui est, entre autre, chargé de coordonner le recrutement des agents publics dans les districts. La liste susdite est secrètement remise au directeur de RALGA. Si nécessaire, RALGA fait tricher les examens aux chanceux retenus sur la liste ; ceci pour éviter toute possibilité d'échec. C'est-à-dire que tous les efforts sont consentis pour protéger les «leurs».
Dans un district dont le Secrétaire Exécutif a oublié de protéger «leur» vieil homme cadre du FPR, qui fut bourgmestre et qui venait d'obtenir une licence, dans une université qui actuellement a fermé les portes. Le secrétaire exécutif a été blâmé pour négligence et l'insouciance pour la protection des cadres du FPR! Le vieil homme, qui avait alors en 2017, l'âge de 58 ans, avait obtenu 16/50 à l'examen écrit, il ne fut donc pas admis au test oral, car il faut au moins 25/50! C'est à l'étonnement de tout le monde que lors des examens ultérieurs pour d'autres postes, le vieil homme a été le premier pour le poste de directeur dans le district! Tout le monde, même de simples vendeurs au marché où il a été bourgmestre peuvent te dire que ce n'est pas lui qui a faite l'examen. Maintenant, il est en perpétuelle mutation pour lui trouver une place où il peut au moins faire quelque chose d'autant plus qu'il ne sait pas utiliser un ordinateur! Un cas très alarmant est que réussir les examens ne signifie pas que vous avez tout de suite la chance d'emploi! Trop de gens ont réussi, mais ont vainement attendu les lettres d'affectation. Il y en d'autres aussi qu'on appelle pour leur dire que le poste n'est pas budgétisé. A leur surprise, le poste est remis au marché six mois après! Pour les postes vacants qui ne sont pas bons aux cadres du FPR, en raison d'un salaire pas trop alléchant ou parce que le travail est dur, se trouver sur la sacro-sainte liste des élus pour l'emploi demande d'autres exigences. Quelles sont alors ces autres conditions pour obtenir un emploi?
UN SYSTEME MINE PAR L'ETHNISME
Il est bien connu au Rwanda que le gouvernement de Kagamé cultive toutes les formes de ségrégations ; pourtant la lutte contre la ségrégation figurait parmi les neufs points de son manifeste. Il y a des postes où l'on dit au hutu qu'il s'est trompé de porte! Et chose surprenante, cette idée fuse de toutes parts, que ce soit chez ses confrères hutus que chez ces nobles Tutsi où il veut travailler! Et quand on a la chance de décrocher un emploi dans un tel milieu, les deux côtés ne cessent de te répéter que tu es le plus chanceux des hommes! Parce que la place était au départ réservé aux Tutsi. L'exemple probant est le poste de Secrétaire Exécutif de district que nul hutu ou n'importe ne peut occuper qu'à quelques exceptions près. Cette exception peut concerner les autres mais pour le hutu, c'est quasi impossible à moins qu'il soit parrainé par un nanti du régime, qui avance l'idée que le concerné est un «Bon hutu clair, hors paire». L'on sait aussi que les Hutus se voient attribuer des emplois durement difficiles ou répugnés par les Tutsis, parce qu'ils sont durs ou mal payants! En un mot le principe est le suivant: d'abord les Tutsis. Se présenter à l'examen en tant que Hutu, c'est souvent pour voir si l'occasion puisse se présenter et trouver qu'il n'y pas de concurrent Tutsi.
Les Hutus qui obtiennent de l'emploi sont tenus dans le silence et la docilité totale. Ils ne prennent jamais de décisions et sont presque d'aucune utilité à leurs proches, de diverses manières. Il est facile de trouver un ministre hutu qui a un frère, à qui il n'a pas réussi à trouver un emploi! Ceci est bien connu dans les hautes sphères de l'Etat. Les cas sont probants où un ministre hutu est simplement là, et que ce n'est pas lui qui prend les décisions, et il reconnait lui-même son impuissance et peut te le confier! Dans les Comités Exécutifs des districts dominés par les Hutus, comme dans la province du Nord, le Tutsi y est le plus redouté et respecté, même s'il est secrétaire exécutif du district! Ce problème de Hutu figurant a été souligné par KAGAME lui-même lors de l'investiture du Premier ministre hutu Edouard NGIRENTE. Kagamé a dit qu'il sait que certains (Tutsis bien sûr) pourront lui manquer de respect, parce qu'il est jeune et en arguant qu'ils maitrisent mieux que lui, le système et peuvent ainsi l'induire en erreur ! Kagamé leur a dit qu'il ne tolérera jamais cela. Il a prétendu parler de la jeunesse du premier ministre mais l'on sait très qu'il voulait mettre en garde ces Tutsi qui ne tolèrent jamais la présence des Hutus dans les hautes sphères politiques de l'Etat!
LA CORRUPTION A SON PAROXYSME!
Quand vous n'avez l'atout d'ethnie (être Tutsi), de rescapé du génocide, de cadre-espion du FPR, pour trouver un emploi, vous devez avoir des liasses de billets! Tout emploi, même celui le plus bas d'agent dans la cellule ou d'enseignant du primaire dont le salaire ne dépasse pas 50 mille francs rwandais est réservé à celui qui graisse les pattes. L'enseignant du primaire paie au moins trois cent mille francs rwandais (300.000 Frws), soit six mois de salaire, pour obtenir son emploi. Les chefs des départements de travail des districts, ont des commissionnaires pour collecter des pots-de-vin, qui à leur tour doivent partager avec le comité exécutif du district. Il y a un maire de district qui a ordonné une fois l'annulation des examens de recrutement parce que le vice maire ne lui avait pas donné aucun sou dans la corruption dont les rumeurs faisaient état. En fait sur la liste des résultats des examens, il y avait des duplications des notes qui soulevaient des soupçons car certains candidats avaient une double note, la réussite et l'échec. La corruption est pandémique dans tous les districts du Rwanda et il y a des cas où les travailleurs ont été arrêtés et emprisonnés; comme dans le district de Kayonza. À Musanze, le directeur du travail a été une fois soupçonné de corruption. Mais à Musanze, il y a un vieil et arrogant cadre du FPR qui est chargé des enseignants, qui comme d'habitude a demandé le pot de vin de 500 milles francs rwandais à une pauvre orpheline. Mais le comble est qu'il n'a pas octroyé le travail. On soupçonne qu'il lui aurait, au départ, demandé la nouvelle forme de corruption en vogue, le sexe! Comment peut-on alors tolérer une telle personne qui ruine des misérables orphelins, en plus un orphelin hutu, abandonné à lui-même par l'Etat ? Un orphelin hutu qui a péniblement étudié en vendant les chèvres, vue que la vache du programme «Une vache pour la famille»(Girinka) ne peut pas être vendue ; l'orphelin hutu qui vend les œufs et arachides dans les vacances pour trouver le minerval ; ce pauvre orphelin qui ne connaît jamais de vacances parce qu'il doit être un aide-maçon …. Comment se fait-il qu'un cas pareil passe inaperçu! N'est ce pas une façon de cautionner la corruption sauvage!
LES CONFIDENCES ACCABLANTES DES FEMMES!
La plus terrible forme de corruption du régime du FPR est la corruption sexuelle. En analysant un simple échantillon des secrétaires exécutives des secteurs et des femmes vices maires, on trouve facilement que, de Nyagatare à Rusizi, de Rubavu à Kirehe, derrière l'ascension politique d'une femme, il y a l'affaire de corruption sexuelle avec un homme puissant! Il y a celles qui continuent d'en abuser, même après leur nomination, au point où le FPR les réprimande! L'échantillon prouve qu'i y a toujours une histoire avec les hommes forts surtout les militaires. Il y a une femme amie, qui m'a révélé que les femmes de hautes instances, comme les députées et autres lui ont révélé la triste vérité : leurs fesses sont amorties! Elle me l'a dit en ces termes «Si tu me souhaites être maire du district, tu me souhaites ipso facto l'adultère. Parce les Inkotanyi ne peuvent jamais vous donner une bonne place sans vous avoir exploitée et amortie sexuellement. Nos maris ne savent à quels saints se vouer, mais finissent à se faire une philosophie de consolation pour se calmer : s'il y a les femmes qui peuvent s'en prendre aux domestiques, comment peut-on se lamenter contre alors que ça rapporte des bénéfices d'une belle maison et d'une jeep ou pickup de luxe à la famille?» Et de continuer «on n'a pas de choix, ces pratiques sexuelles sont devenues une sorte de système du FPR ; il est pratiquement impossible d'avoir une promotion jusqu'à devenir la secrétaire exécutive sans passer par cette voie. Nous acceptons d'amortir nos fesses si quelqu'un daigne en apprécier et on en tire une belle maison et une jolie jeep? Comment faire autrement?». Celle qui me donna ces confidences est une secrétaire exécutive du secteur dans un district du Rwanda. Elle m'a dit tout cela suite aux vœux que j'avais formulés, lui souhaitant de continuer de monter dans les échelons pour devenir un jour maire de district.
C'est comme ça que le travail s'octroie au Rwanda! L'octroi est basé sur le système mis en place par le régime du FPR, un système de népotisme et de clientélisme criants, système de reconnaissance à ceux qui ont fait la guerre ; mais un système de corruption sous sa forme la plus pernicieuse : la corruption sexuelle pour les femmes! C'est ce qui continue de coûter cher à l'État. Car il est de notoriété publique qu'un directeur ou un simple employé, parachuté dans un service comme un paquet de courrier (on leur donne le sobriquet de «take away»), travaille comme il veut. Des fois, pour faire chanter leurs collègues de travail et ainsi cacher leurs incompétences, ces « take away » disent avec arrogance : "Savez-vous qui m'a amené ici?" Dans certaines agences gouvernementales, telle que REG, parce qu'elles sont pleines de ces «take away» qui n'ont pas les connaissances ou les compétences pour s'acquitter de leur responsabilité et attributions alors qu'ils brandissent des «Master's», presque tout le travail est fait par les agences de consultance et dans la conception et dans l'implémentation des projets! Ces enfants du parti-état, FPR, viennent au travail en fait pour toucher de bons salaires et de surcroît, et par des combines, détourner les deniers publics! Cet octroi d'emploi qui n'est pas basé sur des connaissances et des compétences, est à l'origine d'une faible productivité au travail. Cela met l'Etat dans de montagnes de dettes plus chères que le pays même ; et le Rwanda se targue d'enregistrer la croissance économique sans égal! Quand viendra la fin de tout cela?
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