Mort de trois Français au Rwanda : un secret d'État ?
Près de dix-neuf ans après la fin du génocide rwandais, un nouvel élément avancé par le quotidien français Libération daté de ce jeudi 10 janvier "renforce les doutes" sur le rôle de Paris dans les premières heures de la tragédie de 1994. Ils concernent la mort de trois Français, dont les deux gendarmes Jean-Paul Maïer et Alain Didot, et l'épouse de ce dernier, Gilda Didot, tués par balles à Kigali en avril 1994. Une "mort inexpliquée" qui "laisse planer de nouveaux soupçons sur le rôle de la France à l'époque où le Rwanda a basculé dans le génocide", écrit le journal qui consacre sa "une" à cette affaire.
Ce dernier assure dans son édition de ce jeudi que le certificat de décès établi par l'armée française pour "au moins" une des trois victimes françaises est un faux en écriture. Libération se base sur le médecin, dont la signature figure au bas de celui de René Maier, dénommé Jean dans le certificat, qui dément l'avoir établi et qui met en doute les conclusions qui évoquent une mort "d'origine accidentelle" causée par des "balles d'arme à feu". Des faits jugés "gravissimes" par le juge parisien Marc Trévidic qui a découvert ces faits dans le cadre de son enquête sur l'attentat contre l'avion du président hutu Juvénal Habyarimana, qui fut le déclencheur du génocide rwandais, dans lequel plus de 800 000 Tutsis et opposants hutus furent massacrés, selon l'ONU.
"Que savaient-ils ?"
Le quotidien rappelle que les corps des trois ressortissants français retrouvés morts les 12 et 13 avril 1994 ont été rapatriés en France via Bangui, où les certificats de décès ont été établis. Un maquillage qui n'a pu être fait "sans l'aval de responsables à Paris", poursuit Libé. "Ce faux grossier et la pression des autorités françaises sur des familles sommées à l'époque de renoncer à toute demande d'explication oblige désormais à s'interroger autrement sur les motifs et les circonstances de ces assassinats", estime Sylvain Bourmeau dans son éditorial.
Le journal se demande si les deux gendarmes, chargés des transmissions radio entre l'ambassade de France et l'armée rwandaise, n'ont pas "surpris des discussions qu'ils n'auraient pas dû entendre". Notamment le 6 avril 1994, jour de l'assassinat du président Juvénal Habyarimana. "Que savaient-ils ? Que soupçonnaient-ils lorsque l'avion du Président est abattu, le 6 avril au soir ?", s'interroge le quotidien.
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