Rwanda-Politique: Cas Tito Rutaremara
Ou quand l'idéologue principal du FPR fait des révélations accablant son organisation croyant faire diversion comme toujours depuis 1990.
Par Emmanuel Neretse
Bruxelles, Belgique
Le 15 Avril, 2022
Dans le cadre des célébrations du 28è anniversaire de l'assaut final du FPR pour s'emparer du pouvoir par les armes au Rwanda, l'idéologue principal de cette organisation politico-militaire et terroriste, à savoir Tito Rutaremara, a publié le 09 avril 2022 une série de 23 tweets dans lesquels transparaissent les mensonges, la propagande et les dénis qui caractérisent son organisation.
Nature et qualification du message véhiculé dans tous ses volets
– Déni et mensonges
En prétendant qu'au soir du 06 avril 1994, les dignitaires du FPR retranchés dans l'immeuble du Parlement rwandais, le CND, n'ont appris l'attentat contre l'avion présidentiel que par une sentinelle perchée sur le toit du CND qui aurait vu l'avion descendre en flammes, et qu'ensuite ils n'ont appris la mort du Président Habyarimana que par Radio Rwanda et la RTLM, non seulement Tito Rutaremara ment honteusement, mais aussi il s'enferme dans le déni.
La vérité est que les missiles tirés sur l'avion présidentiel étaient sortis du CND même. Que l'officier dont il parle était un observateur avancé et guetteur qui est plutôt venu leur annoncer: "coup-but!" en même temps que Charles Kayonga l'annoncait à Mulindi par radio. C'est alors qu'ils se sont mis à danser et à fêter simultanément au CND, à Mulindi et à Kampala, avant que la Radio Rwanda et la RTLM n'annoncent la triste nouvelle à la population.
Le vieux idéologue et extrémiste tutsi s'enferme dans le déni consistant à nier que c'est bien son FPR qui a commis ce crime odieux. Se faisant, il se ridiculise car plusieurs combattants du FPR ayant participé de près ou de loin à cette operation (pour l'acheminement des missiles d'Ouganda à Mulindi; de Mulindi au CND; pour la mise en batterie à Masaka, tireurs et pourvoyeurs, pour la sortie de batterie et l'exfiltration, etc.) ont avoué, certains au risque de leur vie. Et même Paul Kagame lui-même dans la spontanéité de l'euphorie du crime bien accompli, l'a reconnu et s'en est vanté avant que ses maîtres qui l'en ont aidé et facilité la tâche ne lui tapent sur les doigts en lui faisant comprendre la gravité de ce crime dont ils étaient complices. Depuis lors, la consigne au FPR est de s'enfermer dans le déni, mais c'est oublier que toutes ces réactions à chaud ont été documentées et conservées pour une exploitation ultérieure quand les conditions géopolitiques seront favorables, car ce crime de guerre qui fut l'élément déclencheur de ce qui allait s'appellait "génocide" est imprescriptible.
– Propagande
Dans ces tweets, l'idéologue du FPR Tito Rutaremara voulait répandre encore davantage la propagande du FPR au sujet de la période fatidique de 1993-1994 au Rwanda. Il voudrait faire admettre que les combattants du FPR qu'étaient les Inkotanyi étaient aimés et admirés par la population du Rwanda et spécialement de la Capitale Kigali qui se pressait pour venir les voir et les admirer au CND. Avec un peu de cynisme il aurait pu ajouter que même le million de déplacés car chassés de leurs biens dans Byumba par les mêmes Inkotanyi, et qui croupissaient à Nyacyonga, faubourg de Kigali, venaient aussi les louer et les remercier pour les avoir chassés!
Nous allons dans les lignes qui suivent dénoncer et démolir cette propagande grossière et de bas étage.
Preuves qui accablent l'idéologue du FPR dans chaque volet de son message
– Etat de déliquescence politique du pays après août 1993
Au delà de la propagande, en se vantant comme quoi les éléments du FPR ayant squatté le Parlement du Rwanda étaient très courtisés et que la population venait de toutes parts pour les voir, Tito Rutaremara révèle en réalité l'état de déliquescence politique et moral dans lequel le pays se trouvait après la signature de l'Accord d'Arusha en Août 1993. Les élites tutsi de l'intérieur qui avaient été choyés par le régime de Juvénal Habyarimana pouvaient s'en séparer sans transition et se retrouver maîtres du pays sous la houlette du FPR après la chute de Habyarimana. Ils allaient donc faire allégeance aux futurs nouveaux maîtres du pays qu'étaient les chefs du FPR retranchés au CND
Les nigauds hutu qui se disaient "de l'opposition" croyaient enfin saisir dans leurs mains l'arme pour abattre Habyarimana. A savoir le bras du FPR qui tenait la Kalashnikov. Pour ceux qui s'étonnaient de cette alliance contre nature, ils rétorquaient qu'ils sauront se débarrasser aussi du FPR le moment venu. On connaît par la suite qui s'est débarrassé de qui! Ils faisaient donc la queue au portail du CND pour tenter d'avoir la faveur d'être connu de visu par les chefs du FPR, et désormais futurs maîtres du Rwanda.
– Discours de la Première Ministre
Tito Rutaremara évoque dans ses tweets le cas de la Première Ministre Agathe Uwilingiyimana qui a été tuée au matin du 07 avril 1994. L'idéologue du FPR et propagandiste Rutaremara prétend que c'était pour l'empêcher de faire passer un message à la Radio, message dans lequel elle devait annoncer les décisions prises à la situation que vivait le pays depuis le 06 avril au soir. Mais Tito Rutaremara omet de dire qu'au soir du 06 avril 1994, dès que la mort du Président Habyarimana fut confirmée offficiellement, les paracommandos du contingent belge de la MINUAR se sont précipités chez elle avec entre autre pour mission de l'escorter pour aller prononcer un discours préparé en avance et avalisé par le Général Dallaire. Tito Rutaremara sait ou feint d'ignorer que le texte de ce discours préparé d'avance mais qu'elle devait antidater, fut retrouvé la nuit même dans le salon de Madame la Première Ministre Agathe où elle était entrain de le relire en présence de son conseiller (Magorwa) et de son mari. Autre secret de Polichinelle que le vieux Rutaremara croit garder pour lui seul, c'est que la section des paracommandos belge envoyée chez la PM Agathe rentrait d'une "mission" au Parc National de l'Akagera au Mutara où elle avait passé la journée. Mais curieusement cette mission était inconnue de leur Commandant de bataillon et même du Commandant du Secteur Kigali de la MINUAR lui aussi belge, alors que tout mouvement ou activité militaire dans Kigali devait lui être signalé. Et comme par hasard, cette section de paracommandos belges à bord de trois jeeps sous le commandement du Lt Lotin, en passant près de la colline de Masaka à l'allée (la matinée) comme au retour (le soir), elle précédait les éléments du FPR sortant ou rentrant au CND à bord d'une même camionnette.
– Aveux du Général Dallaire concernant les Officiers FAR dits "modérés" et le FPR
L'on sait que Tito Rutaremara même vieux et idéologue du FPR, une organisation née et venue d'Ouganda, reste francophone pour avoir fréquenté le Collège Saint André de Nyamirambo dans les années 1957-59 et surtout pour avoir fait quelques années d'études en France, il peut lire et comprendre ce qu'a écrit leur ami, protecteur et complice, le Général canadien Roméo Dallaire dans son livre: Roméo Dallaire. J'ai serré la main du diable. Lafaillite de l'humanitaire au Rwanda. Montréal, Editions Libre Expression, 2000, aux pages: 96, 100, 106 et 291.
Il avoue clairement qu'à l'annonce de la mort du Président Habyarimana il pensait enfin que c'étaient des officiers "modérés" des FAR qui allaient prendre les choses en mains de connivence avec ceux du FPR ce à quoi il avait contribué pour les mettre en contact. C'est ce sentiment qui l'habitait quand au matin du 07 avril 1994, il fut convié à assister à la reunion des officiers supérieurs des FAR à l'ESM. Il dit qu'il a failli s'évanouir en constatant que ce n'était pas un de ses officiers "modérés" qui présidait la réunion mais le Colonel (er) Théoneste Bagosora, Directeur de Cabinet au Ministère de la Défense, au nom de son Ministre absent du pays.
En clair, il dit que le coup du 06 avril 1994 dont il était au courant et chargé de gérer les suites même ayant réussi, commençait à avoir des râtés car du côté des FAR ce ne sont pas ses officiers "modérés" qui étaient aux commandes. Dans d'autres occasions ou en aparté, le Général Dallaire a révélé les noms de ces officiers des FAR "modérés" sur lesquells il comptait pour faire alliance avec ceux du FPR afin de prendre le pouvooir après l'assassinat du Président Habyarimana. Nous ne les citeront pas mais ils se reconnaîtront car curieusement ils sont presque tous encore en vie.
– Une instance non encore mise en place en avril 1994: le Haut Commandement intégré des deux armées
Dans ses divagations sur Tweeter, le vieux idéologue et extrémiste tutsi Tito Rutaremara croît berner l'opinion en racontant que le 06 avril 1994 il y avait un organe prévu par les Accords d'Arusha qui devait diriger le pays après l'assassinat du Président Habyarimana. Il pousse la mauvaise foi en affirmant que cet organe s'appellait "Haaut Commandement intégré" comprenant les officiers des FAR et du FPR à parts égales. Or même si cet organe était bien prévu dans les Accords d'Arusha spécialement dans le Protocole sur l'intégration des deux armées, il n'avait pas encore été mis en place en avril 1994. En effet, toutes les tentatives pour le mettre en place étaient vouées à l'échec car le FPR refusait obstinément de fournir les noms des officiers de ses rangs qui en feraient partie. Et ceci au moment où les FAR avaient rendu public les noms de ses officiers. Ce qui a permi au FPR et aux pseudo-politiciens de l'opposition alliés à lui de scruter à la loupe la liste de ces officiers pour qu'au moment de l'installation de ce Haut Commandement, ils en refusent et en écartent les officiers des FAR jugés "pas sûrs" ou "proches de Habyarimana".
Comment alors le vieux Tito Rutaremara peut-il prétendre que le 07 avril 1994 c'est cet organe prévu dans les Accords d'Arusha qui devait prendre les rênes du pays alors qu'il n'existait pas encore? C'est comme s'il disait qu'en avril 1994 il y avait: un Gouvernement de Transition à Base Elargie au FPR (GTBE), une Assemblée Nationale de transition comprenant les députés du FPR, etc. tout simplement parce que ces instances étaient prévues dans les Accords d'Arusha! Pourquoi ce qu'il ne peut pas oser affirmer concernant les organes politiques au risque de se ridiculiser, il l'affirme concernant un organe militaire prévu par les mêmes accords mais pas encore mis en place?
– Contacts avec les officiers FAR après le 06 avril 1994
Le Général canadien Roméo Dallaire qui avait une "mission dans la mission" en venant au Rwanda dans le cadre de la MINUAR, révèle aussi qu'il avait des contats avec les officiers des FAR. Ce qui est normal et compréhensible tant que ces contacts se font dans un cadre formel fixé conformement au mandat de la force des Nations Unies envoyée dans un pays quelconque. Mais le zèle (et peut-être le trop bavard après sa mission au Rwanda) a avoué avoir eu des contacts dans un cadre informel avec des officiers des FAR bien identifiés et qu'il devait mettre en contact avec le FPR en dehors de la hiérarchie. Il dit même qu'après la prise du pouvoir par le FPR en juillet 1994, il s'est employé à rechercher ses officiers des FAR "modérés" pour qu'ils viennent s'intégrer dans l'Armée du FPR-Inkotanyi qui venait de gagner la guerre. La moisson fut satisfaisante et il s'en vante. Il le dit dans son livre: "Roméo Dallaire. J'ai serré la main du diable. Lafaillite de l'humanitaire au Rwanda. Montréal, Editions Libre Expression, 2000", aux pages: 96, 100, 106, 291, 308. 327,497 et 575. Si le vieux extrémiste tutsi Tito Rutaremara avait pris la peine de lire le livre de Dallaire, il s'aurait gardé de contredire et donc de ridiculiser cet officier canadien qui était spécialement venu en 1993 au Rwanda pour installer les Inkotanyi au pouvoir dans ce pays à conquérir militairement.
Conclusion
Le vieux idéologue et extrémiste tutsi Tito Rutaremara se trompe de guerre et d'objectif. Son organisation politico-militaire et terroriste qu'est le FPR a certes gagné la guerre des armes en 1994. Il a gagné la guerre de désinformation en transformant la catastrophe qu'il a lui-même déclenchée le 06 avril 1994 en un outil qui lui assure l'impunité pour ses crimes. Mais aujourd'hui près de 30 ans plus tard, il s'engage dans la guerre de falcification et de réécriture de l'Histoire non seulement du Rwanda mais aussi de toute la région. Nous pouvons lui dire, les yeux dans les yeux, que cette guerre il ne la gagnera pas et même s'il aurait l'impression de l'avoir gagné à un moment donné, qu'il sache que le temps de l'Histoire n'est pas le même que celui d'un régime politique et encore moins d'un individu. Croire que trente petites années et au 21è siecle suffisent pour réécrire l'Histoire d'un peuple et d'un pays comme le Rwanda, c'est ignorer que même avant l'apparition de l'écriture, des vestiges témoignant de la vraie histoire ont toujours subsisté. Que tous les Inkotanyi et en tête Tito Rutaremara se le disent!
posted by Mamadou Kouyate @ 9:30 PM
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