Monsenepwo abrupt envers Blinken : « Mettez fin au régime Kagame »
Washington désormais devant une responsabilité historique. La lettre ouverte de Jean-Thierry Monsenepwo Mototo signée ce mardi 2 août invite les États-Unis d'Amérique à faire tomber le régime despotique de Kigali pour enfin célébrer la paix et la stabilité dans la région des Grands lacs.
Washington désormais devant une responsabilité historique. La lettre ouverte de Jean-Thierry Monsenepwo Mototo signée ce mardi 2 août invite les États-Unis d'Amérique à faire tomber le régime despotique de Kigali pour enfin célébrer la paix et la stabilité dans la région des Grands lacs.
Quatre pages d'une missive qui bat le rappel des valeurs intrinsèquement démocratiques de l'administration Biden. Les USA, une nation respectueuse des droits de l'homme, qui financent et accompagnent les actes de guerre et violation des droits humains par le président Paul Kagame. Inadmissible. La réalité que dénonce Jean-Thierry Monsenepwo adressée au secrétaire d'Etat américain, Antonny Blinken dont la tournée internationale le conduira à Kinshasa et Kigali. Le leader de la ligue des jeunes du parti lumumbiste Convention des Congolais Unis (CCU), membre de la Conférence des présidents de l'Union sacrée de la nation, fait siens les griefs précédemment épinglés le 20 juillet dernier, par le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat américain, le sénateur Robert Menéndez, élu de New Jersey. Ce dernier a adressé au chef du Département d'État américain, une correspondance expressive où il interpelle Blinken. « Vous prendrez certainement soin de vous en inspirer dans vos prochaines escales à Kinshasa et à Kigali », explique Monsenepwo. En des termes clairs et précis, Menéndez a attiré l'attention de Blinken sur « les violations continues des droits humains et des normes démocratiques par le gouvernement rwandais » depuis un quart de siècle, rappelle Jean Thierry Monsenepwo.
Étant donné que le président de la commission des Affaires étrangères du Sénat a particulièrement pointé la responsabilité personnelle du président Paul Kagame qui s'obstine à « faire taire les journalistes, les activistes des droits de l'homme et les opposants » aussi bien à l'intérieur du Rwanda qu'à l'étranger, note Monsenepwo.
Kagame, un président à vie soutenu par la plus grande démocratie du monde
La lettre de Monsenepwo se veut éminemment tranchante des vérités. « Désormais président à vie grâce à une modification de la Constitution en 2015, Paul Kagame ne semble pas prêt à abandonner les méthodes discutables qui lui ont permis de conquérir le pouvoir et de l'exercer plus longtemps que prévu en démocratie ». Et pourtant, rappelle historiquement le correspondant de Blinken, « la grandeur des Etats-Unis d'Amérique tiennent avant tout au fait que « votre nation a bâti ses fondations sur des valeurs universelles de liberté, de justice et de progrès ». En tant que Congolais, je ne puis passer par perte et profit le rôle ô combien gratifiant joué par votre pays aussi bien dans la genèse de l'Etat Indépendant du Congo que dans le recadrage des dérives génocidaires que la colonisation a fait subir à mon pays », écrit-il. Venant d'un pays suffisamment grand et prospère, « les lobbyistes américains à la Conférence de Berlin eurent à cœur d'aider Léopold II, qui se présentait alors comme un philanthrope, à régenter le bassin du Congo afin de lui permettre de lutter efficacement contre l'esclavage et la traite négrière notamment », ajoute le courrier de Monsenepwo au patron de la diplomatie américaine. « C'est donc grâce notamment à l'élan humaniste et humanitaire des Etats-Unis que mon pays existe dans ses dimensions géographiques désormais inaliénables », affirme-t-il, rappelant que c'est grâce à la Déclaration universelle des droits de l'homme, portée sur les fonts baptismaux en terre d'Amérique le 10 décembre 1948 à Chicago, que le principe de la décolonisation fut acquis en concurrence avec le droit reconnu à chaque peuple de s'autodéterminer ?.
Pour le jeune leader de l'Union sacrée, il est admis, selon la lanterne de l'histoire que « les Etats-Unis demeurent un partenaire historique sur lequel la RDC se doit de reposer ses espérances légitimes ».
Le Rwanda, un État voyou qui bénéficie de 147 millions d'appui budgétaire des États-Unis.
Face à toutes les entorses systématiques dûment documentées au droit, à la justice, à la démocratie et à la charte des Nations unies, dont le sénateur Menéndez a tenu à décliner à l'intention d'Antony Blinken, une énumération non exhaustive, Thierry Monsenepwo rappelle utilement que « la note du sénateur Menendez n'a pas caché sa consternation de voir son pays, connu pour son attachement aux valeurs universelles, s'acoquiner avec un Etat voyou qui, au surplus, fait de la déstabilisation de son voisin congolais une stratégie de survie ». Aussi le sénateur Menéndez a-t-il mis en cause les 147 de millions annuels d'appui budgétaire que les Etats-Unis versent au Rwanda, en plus de « l'appui logistique et technique à une armée rwandaise devenue l'instrument de la déstabilisation de la région des grands lacs ». Dans la même lettre, le sénateur Menéndez s'aligne sur les accusations fondées faisant état d'un « soutien gigantesque de l'armée rwandaise aux rebelles du M23, responsables de la mort de milliers de civils congolais ainsi que du déplacement de plus de 100.000 femmes et enfants, non sans avoir abattu les avions de reconnaissance de la force onusienne et les hélicoptères de l'armée congolaise ».
La commission des Affaires étrangères du Sénat américain s'est ainsi à bon droit, indignée de constater qu'un Etat qui excelle dans les violations délibérées des droits de l'homme, du droit humanitaire et du droit international puisse continuer à demeurer un allié stratégique des Etats-Unis qui en sont, du reste, le plus grand contributeur. D'où la recommandation qui vous a été faite par le Sénat de votre auguste pays d'examiner la possibilité non seulement de mettre un terme au soutien financier bilatéral au Rwanda, mais surtout de prendre des sanctions qui s'imposent à l'encontre des dirigeants rwandais en vue de laver l'affront consistant pour Paul Kagame à utiliser l'aide américaine à des fins contraires aux valeurs défendues sur toute la planète par les USA, interpelle ce membre influent de la Convention des Congolais Unis.
Que les Etats-Unis s'attaquent aux causes de la violence de l'Est RDC
La missive de Jean-Thierry Monsenepwo Mototo aborde largement le prochain périple du continent, du chef du Département d'État américain en RDC et au Rwanda. Pour lui, cette mission de haut niveau est très attendue comme « un grand tournant dans les guerres iniques que nous imposent certains voisins à l'Est », fait-t-il observer. Il évoque notamment la multipolarité du monde qui connait un relief particulier avec la guerre en Ukraine. Monsenepwo estime que « le temps n'est manifestement pas propice à un fléchissement d'une grande nation comme la RDC devant une principauté militaire qui n'aura causé que trop de dégâts jusqu'à occasionner l'érection d'un califat dans le Grand Nord par les terroristes ADF/MTM ».
L'administration Biden s'est engagée dans une politique étrangère « centrée sur la défense de la démocratie et la protection des droits humains », écrit-t-il. Et d'expliquer que « le souhait des Congolais est que les États-Unis en tant que membre permanant des Nations unies, puissent s'attaquer aux causes sous-jacentes de la violence que les administrations successives ont visiblement négligées ».
Monsenepwo invite les USA à faire pression sur Kigali : « votre administration devrait exercer une pression diplomatique concertée pour aider à mettre fin aux discriminations et à l'oppression systématiques, sans cesse croissantes, et pour s'assurer que les autorités rwandaises qui violent les droits des Congolais, rendent des comptes. Seule la mise en œuvre déterminée d'une politique étrangère centrée sur les droits pourrait signaler aux dirigeants rwandais que les violations du droit international ne resteront plus sans réponse », rappelle le président de la ligue des jeunes de la CCU.
Comme Mobutu et Joseph Kabila, que Washington décapite le régime de Kigali
Le courrier choc de Jean-Thierry Monsenepwo Mototo revient sur la doctrine diplomatique de notre pays qui se résume au slogan. « Le Congo est ouvert, mais pas offert ». Entre la mort que nous imposent les agressions répétitives du Rwanda et le secours que pourraient nous proposer d'autres puissances, « vous comprendrez que notre peuple soit en droit de s'assumer autrement, le cas échéant. L'idéal serait que les Etats-Unis d'Amérique se ressaisissent rapidement en revenant à ses liens historiques privilégiés avec la RDC. Il y va des intérêts et de l'image de marque de votre pays », persiste Monsenepwo. En pareilles circonstances, rédige-t-il, « vos illustres prédécesseurs Bill Richardson et Nikki Halley avaient pris le courage de dire certaines vérités aux régimes finissants de feu le Maréchal Mobutu et du président Joseph Kabila, eu égard aux valeurs démocratiques ». La RDC est une nation de l'espoir pour toute l'Afrique, démontre la missive de l'ancien journaliste. « Toute l'Afrique attend de vous que vous puissiez, de la même manière, sonner le glas du régime despotique de Paul Kagame. Ainsi auront gagné la liberté, la démocratie et l'Afrique des Grands Lacs ».
La RDC n'est pas un pays pauvre, nos ennemis nous confisquent la paix
A travers cette même correspondance, Jean-Thierry Monsenepwo Mototo s'appuie sur le leadership de Felix Tshisekedi en reconnaissance de l'opportunité historique qui se présente sous son règne, de « renforcer la démocratie en RDC, d'améliorer les droits de l'homme, de promouvoir la paix et de combattre la corruption », soutient Monsenepwo. Il rappelle la phrase de Félix Tshisekedi que « le Congo n'est pas un pays pauvre, mais un pays qui a souffert d'une mauvaise gouvernance. Pour réaliser le vaste potentiel de la RDC, pour tirer pleinement parti de ses richesses minières, de ses ressources énergétiques, de son agriculture et de sa population dynamique, il faut avant tout éliminer la corruption, mais surtout l'insécurité permanente dans l'Est de notre pays ». Monsenepwo insiste sur le fait que l'insécurité en République démocratique du Congo est instrumentée par nos voisons, principalement le Rwanda. « A l'Heure où le gouvernement congolais se penche sur le processus électoral, qui fait partie des artefacts de la démocratie qui garantirait l'avènement d'un état de droit voulu par le chef de l'Etat, nos ennemis en profitent pour nous confisquer la paix », déplore Monsenepwo. Termes qui bouclent cet imposant courrier politique à travers lequel le cadre CCU souhaite la bienvenue au patron de la diplomatie américaine.
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