Le Tchad annonce rompre ses accords de coopération de défense avec la France
Le Tchad met fin à l'accord de coopération en matière de défense signé avec la France, et révisé en 2019. Sans, pour le moment, donner plus de précisions sur ce qu'implique la rupture de cet accord. L'annonce n'a pas été faite pendant la visite de 24 heures du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot dans le pays, mais quelques heures après son départ.
« Le Gouvernement de la République du Tchad informe l'opinion nationale et internationale de sa décision de mettre fin à l'accord de coopération en matière de défense signé avec la République française », a déclaré Abderaman Koulamallah dans un communiqué publié sur la page Facebook officielle du ministère.
Le ministre tchadien des Affaires étrangères estime que le Tchad veut évoluer, mais que la France reste un partenaire essentiel, rapporte notre correspondant à Ndjamena, Carol Valade. Pendant sa visite, le ministre français Jean-Nöel Barrot n'a pas abordé le sujet. Lors de la déclaration commune à l'issue de la rencontre, son homologue tchadien Abderaman Koulamallah a simplement glissé que « la France doit considérer désormais que le Tchad a grandi et mûri ».
Ndjamena assure que les modalités prévues pour la résiliation de l'accord, y compris le délai de préavis, seront respectées. « Le Gouvernement tient à souligner que cette décision ne remet en aucun cas en question les relations historiques et les liens d'amitié entre les deux nations », ajoute le communiqué du ministère, qui espère « une transition harmonieuse » et reste « ouvert à un dialogue constructif pour explorer de nouvelles formes de partenariat ».
Annonce faite le 28 novembre, jour de la proclamation de la République
Des diplomates à la société civile, en passant par la sphère politique, absolument personne n'avait anticipé cette annonce. Et les spéculations vont bon train à Ndjamena : s'est-il passé quelque chose lors de la rencontre entre le chef de la diplomatie française et le président du Tchad, Mahamat Idriss Déby ? Non, répond le ministre tchadien des Affaires étrangères.
Joint par RFI, le chef de la diplomatie tchadienne évoque une décision « mûrement réfléchie ». L'annoncée a été faite très symboliquement le 28 novembre, qui marquait le 66e anniversaire de la proclamation de la République au Tchad.
Qu'implique cette déclaration ? S'agit-il d'un départ de tous les soldats français du sol tchadien ? Le ministre laisse entendre qu'elle pourrait entraîner un départ du millier de soldats français stationnés dans le pays, suivant les modalités et dans les délais prévus par l'accord de défense.
Est-ce un appel à revisiter la coopération ? Certaines interrogations restent pour l'heure sans réponses : rien n'a filtré à la sortie de l'entretien le jour-même entre le président tchadien Mahamat Idriss Déby et le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot. Aucune des deux parties n'a semblé montrer de signe d'une dégradation des relations. Côté français, il n'y a pas eu de déclaration dans la soirée.
Co-dépendance historique et un siècle de présence militaire française
Mais le Tchad laisse donc la porte ouverte à un « dialogue » pour « explorer de nouvelles formes de partenariat ». C'est un tournant historique dans une longue histoire de co-dépendance marquée par un siècle de présence militaire française au Tchad : il s'agit du pays qui a connu le plus grand nombre d'opérations militaires françaises sur son territoire.
C'est aussi un nouveau coup dur pour la diplomatie française, qui a vu son armée chassée du Mali, du Niger et du Burkina Faso ces dernières années. Mais c'est aussi une décision très politique de la part du président tchadien Mahamat Idriss Déby, qui marque ainsi des points auprès d'une opinion publique largement défavorable à la présence française. Cela à tout juste un mois des élections législatives.
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